Bien-être animal et rentabilité économique : comment concilier ces enjeux dans les filières de production ?

Le 12 décembre dernier, l’ENSV-FVI organisait une table ronde autour d’une question complexe : le bien-être animal et la rentabilité économique sont-ils compatibles dans les filières de production animale ? Pour y répondre, quatre experts se sont emparés du sujet : Claire MADELEINE-PERDRILLAT (éleveuse bovin/ovin), Sébastien MORO (vulgarisateur scientifique cognition animale), Agathe GIGNOUX (responsable affaires publiques et juridiques) et Romain PIOVAN (directeur LIT OUESTEREL).

1. Les animaux de rente : un statut encore flou

Les animaux de production restent juridiquement des biens, principalement pensés comme des outils de production destinés à l’abattage. Pourtant, les échanges ont rappelé un point essentiel : ils ne sont ni moins intelligents ni fondamentalement différents de leurs équivalents sauvages. Le vrai enjeu réside donc dans le système agricole et économique dans lequel ils évoluent.

2. Élevage intensif : un modèle sous tension

L’élevage intensif, sans définition juridique précise, repose sur des critères comme la densité, la génétique et la contention. Même s’ils tendent à évoluer, certains systèmes atteignent un “plafond de verre” en matière de bien-être animal. Par ailleurs, les pratiques intensives entraînent des impacts environnementaux et sociaux significatifs : usage massif d’antibiotiques, pression sur les ressources naturelles ou encore souffrance des agriculteurs.

3. Rentabilité et bien-être animal : un équilibre possible

Les intervenants ont souligné que bien-être animal et rentabilité ne sont pas antinomiques, mais que les contraintes économiques actuelles pèsent lourdement sur les pratiques. Les surcoûts existent, mais reflètent aussi des coûts cachés : santé, environnement, conditions de travail. L’approche doit donc être globale, impliquant producteurs, pouvoirs publics et consommateurs.

4. Vers des solutions concrètes

Plusieurs pistes ont été identifiées pour avancer :

  • Diversifier les modèles et les offres pour répondre aux attentes des consommateurs ;
  • Rééquilibrer la répartition de la valeur au sein des filières, notamment du côté de la transformation et de la distribution ;
  • Renforcer le rôle des politiques publiques et encadrer la commercialisation des produits ;
  • Encourager le lien direct entre citoyens et monde agricole, notamment via des visites de fermes et l’achat direct aux producteurs.

Conclusion

Les solutions existent, mais leur mise en œuvre à grande échelle reste le vrai défi. Concilier bien-être animal, rentabilité économique et durabilité écologique nécessite des choix collectifs et une implication de tous les acteurs de la filière, des producteurs aux consommateurs, en passant par les pouvoirs publics.